Nous sommes arrivés à Chagüitillo fin janvier et avons profité de l’amitié et la complicité de René et Annick Dufour, qui font depuis longtemps l’aller et retour entre Vaulx-en-Velin, Lyon et Chagüitillo, dans la solidarité avec la communauté, et qui nous ont accueilli chez eux avec une rare générosité (les petit-déjeuners: bananes et fromage frit de René, jus de fruits frais d’Annick…) tout le temps de notre séjour.
La bibliothèque, située dans un local appartenant à ADCH (Association pour le Développement de Chagüitillo) était ouverte. Ouverte tous les jours, matin et après-midi, aux bons soins d’une jeune femme appelée Brenda. Brenda n’a pas véritablement été formée pour ce métier, et a beaucoup à apprendre mais elle est enthousiaste, disponible et pleine de bonne volonté. Elle a assuré les permanences depuis le mois d’août sans avoir jamais été rétribuée. C’est du « travail volontaire ». Elle n’a aucun autre revenu par ailleurs.
La bibliothèque est ouverte et les enfants y viennent facilement, elle est située au milieu de la communauté, près de l’école primaire et du lycée. Les petits viennent y regarder les quelques livres, et les grands consulter les vieux manuels scolaires existants (eux-mêmes n’en ont pas, et il n’y a pas de bibliothèque au lycée). C’est un lieu où les gens entrent, sortent, viennent bavarder, vraiment bien situé. Aucun aménagement n’a été fait avant mon arrivée. Les livres récupérés de l’ancienne bibliothèque sont entassés dans un coin, car il n’y a pas d’étagères, ils ne sont pas classés et sont recouverts de poussière, car le toit n’est pas étanche, et il n’y a pas de fenêtres, que des volets en bois.
Actions menées
Nous sommes arrivés avec deux grands cartons remplis de livres en espagnol, des livres pour enfants et de littérature (40 kilos transportés de Strasbourg à Chagüitillo en passant par Francfort, Houston, Managua…). Les autres ouvrages (80 kilos) offerts par une amie, (Juana, merci) espagnole de Valencia, des encyclopédies principalement, ont été acheminés plus tard dans les bagages des 12 élèves du Collège de Bourg-les- Valence qui sont partis faire un chantier à Chagüitillo.
Notre premier objectif a été de rechercher un financement pour assurer un revenu à la bibliothécaire. Nous avons décidé, après avoir hésité devant son dénuement, de ne pas prendre en charge son salaire, car il nous semble que c’est aux associations et structures locales de faire pression sur les autorités pour qu’un salaire soit payé. De même que devraient être pris en charge localement les frais de fonctionnement (gardiennage, électricité, entretien). Les fonds que nous avons et allons apporter doivent servir à l’installation et à l’aménagement de la bibliothèque.
Après avoir pris rendez-vous et visité trois fois (avec des représentants des associations ADCH et du « Comité de solidarité de Vaulx- en- Velin ») le maire de la ville de Sébaco dont dépend Chagüitillo, Don Luis Martinez Medal, celui-ci a fini par accepter de donner une aide à Brenda cette année, et a promis de lui verser un vrai salaire (90 euros par mois !) à partir de l’année prochaine.
Il faut assurer une formation à Brenda. Nous avons pris notre bâton de pèlerin et sommes partis visiter des bibliothèques, pour faire un état des lieux nicaraguayens. Nous nous sommes rendus à Ciudad Darío, Matagalpa, Granada, Managua, San Juan del Sur et El Castillo (12 heures de bus…, c’est loin, El Castillo, au bord du Rio San Juan). Nous avons vu des bibliothèques publiques, qui souffrent de pénurie,
et des bibliothèques montées par des associations étrangères, principalement américaines, beaucoup mieux loties et plus dynamiques.
Nous avons toujours été bien reçus, et sommes revenus à Chagüitillo avec un carnet d’adresses rempli. Des contacts ont été pris, et une formation de bibliothécaire devrait être proposée à Brenda par La Red Nacional de Bibliotecas, organisme dépendant du Ministère de la Culture. Il sera possible de faire appel à des volontaires bénévoles étrangers qui viendraient donner un coup de main.
Nous avons profité de ce tour des villes du Nicaragua pour acheter de l’artisanat qui a trouvé place, au retour, dans les deux cartons vidés de leurs livres, et que nous avons l’intention de vendre en France.
Nous avons également rapporté des tableaux du peintre Abel Vargas, que nous avons rencontré à deux reprises, c’est une belle personne… Ils sont à vendre aussi, ainsi que des cartes postales faites à partir de tableaux de peintres « primitivistes ».
En ce qui concerne la bibliothèque, il ne se passait pas grand-chose avant notre arrivée, mais notre activité, et surtout le fait de dire que nous venions avec un peu d’argent, a permis de faire bouger les choses. Nous avons donné 1500 dollars (soit à peu près 1100 euros) à la Mairie de Sébaco, qui va faire faire des travaux d’aménagement dans le local. Cette somme aurait correspondu au devis d’un plafond, mais il a semblé préférable d’acquérir des étagères pour mettre les livres, une table pour les enfants et de garder un petit fonds pour permettre à Brenda d’acheter du matériel pour mettre en route des ateliers pour les enfants, en complétant les achats que nous avons faits (crayons, stylos, papier, pâte à modeler, puzzles et … des boîtes pour rangement, une corbeille à papier, …un balai et une serpillière).
La veille de notre départ, une grande réunion a eu lieu pour former un Comité de soutien à la bibliothèque. La présidente élue est une professeure du lycée, les autres membres, six en tout (parents d’élèves, représentants des autorités locales et d’ADCH, et jeunes) sont tous issus de la communauté. Tout le monde était content, et je dois dire qu’à ma grande surprise, une fête a été organisée en mon honneur, pour me remercier de mon action, avec orchestre de mariachis et gros gâteaux décorés à mon nom !!
Et maintenant
Ainsi ce voyage a été très positif, une dynamique s’est mise en place, la demande est grande et la conséquence est qu’il faut poursuivre notre projet, trouver des fonds pour assurer l’aménagement de la bibliothèque. Un devis a été fait et précisé par l’architecte de la mairie, qui comprend le plafond, l’installation de fenêtres, de ventilateurs, la réfection des portes et l’installation de toilettes. Et puis, (le rêve!), acheter des ordinateurs pour qu’il y ait un accès à internet.
Il nous faut trouver cinq mille euros …